Brèves botaniques Pépin-Hugonnot -Auvergne

Brèves botaniques par la Sarl Pépin-Hugonnot

  • Fissidens celticus, habitant discret des vallons encaissés de l’ouest du Massif central
    14/09/2021

    Ce minuscule Fissidens a été découvert à plusieurs reprises dans les vallons encaissés de l’ouest du Massif central, des confins du Limousin jusqu’à la châtaigneraie cantalienne. L’écologie de ce taxon pionnier est remarquablement constante. Il colonise des berges terreuses nues, érodées, ou des zones de glissement de terrain sur les pentes abruptes, non loin du lit mineur des cours d’eau profondément encaissés. Les compagnes sont fort peu nombreuses, et généralement se limitent à quelques individus de Fissidens taxifolius, Dicranella heteromalla, Solenostoma gracillimum, mais dans bien des cas, Fissidens celticus se développe sol sur la terre remuée et nue.

    Cette espèce a été signalée assez récemment en France. Les signalements se sont multipliés mais la répartition de cette espèce reste encore aujourd’hui plutôt floue. L’espèce est difficile à détecter mais une fois repérée et son biotope bien compris, sa reconnaissance ne pose pas de problèmes particuliers. Il est vraisemblable que ce Fissidens présente une affinité pour les climats océaniques et qu’il soit plus rare vers l’est mais cela reste à prouver.

    Cette espèce é également été observée en grande abondance sur le sol de hêtraies basques, côté espagnol. Cet habitat submontagnard n’était apparemment pas connu.

  • Orthotrichum columbicum et O. pulchellum
    14/09/2021

    Ces deux espèces épiphytes passent pour être deux raretés de la flore.

    Les observations se sont toutefois multipliées ces dernières années, de sorte qu’il est difficile aujourd’hui de savoir si ces taxons ont été largement sous-estimés ou s’ils sont en expansion. Des populations inhabituelles, témoignant de conditions écologiques particulièrement favorables, comportant des milliers d’individus fertiles des deux espèces ont été découvertes en plein cœur de la Montagne Noire, qui constitue donc un bastion important pour ces espèces à l’échelle nationale. Les conditions climatiques de cette région (forte précipitations, nébulosité marquée, couverture forestière importante etc.) permettent sans doute d’expliquer l’abondance de ces espèces aux affinités océaniques (voire montagnardes).

  • Ptychostomum minii (Podp. ex Guim.) D.Bell & Holyoak (Bryum minii Podp. ex Guim.)
    14/09/2021

    Ce taxon a été observé en Ardèche, sur la commune d’Asperjoc. Cette espèce rare est signalée en Sardaigne, au Portugal et en Espagne. Sa découverte en France, dans le département du Var est assez récente. Ptychostomum minii est cité dans plusieurs livres rouges nationaux et mériterait sans doute de figurer dans un livre rouge français à venir.

    La population ardéchoise, en Cévennes, se situe à la limite nord absolue de l’espèce en Europe. Il est probable que cette espèce, inféodée aux rochers siliceux suintants chauds soit trouvée dans d’autres stations du sud du Massif central dans le futur. Les espèces compagnes fréquentes sont Entosthodon pulchellusPhilonotis capillarisImbrybryum alpinum.

    Ptychostomum minii est une espèce assez facile à reconnaître sur le terrain une fois que son aspect particulier a été correctement perçu. Les feuilles apicales constituent un bourgeon relativement dense, ayant une tendance à se placer en hélice. L’aspect général de la plante évoque celui d’un petit Imbribryum alpinum.

  • Schistidium dupretii nouveau pour le Massif Central
    14/09/2021

    Schistidium dupretii n’était pas connu jusqu’à aujourd’hui dans le Massif central. C’est une espèce d’altitude, calcicole, signalée dans les Alpes et les Pyrénées. Elle peut être abondante localement. Sa présence est assez surprenante en raison de l’absence apparente d’habitats favorables.

    En Auvergne, elle a récemment été découverte sur la commune du Mont-Dore, Puy-de-Dôme. La population est peu importante, constituée de quelques touffes seulement, ce qui contraste singulièrement avec les populations alpiennes où elle peut être l’élément dominant des communautés bryophytiques. Son habitat auvergnat est remarquable car il s’agit d’un ouvrage en béton, substratum comportant une proportion notable de calcaire, et réputé pour héberger des communautés calcicoles. Les espèces compagnes de Schistidium dupretii étaient essentiellement S. elegantulum, S. crassipilum, Orthotrichum anomalum et Grimmia pulvinata.

    Il est presque certain que les constructions en béton hébergent d’autres espèces du même genre en situation marginale. Les constructions artificielles sont connues pour rassembler une bryoflore voyageuse, encore mal connue en Auvergne.

  • Sematophyllum substrumulosum est arrivé en Auvergne !
    14/09/2021

    Cette espèce vient d’être découverte en plein cœur de la forêt domaniale de Tronçais, dans le département de l’Allier. La population observée est importante au plan numérique et productrice de nombreux sporophytes. Elle colonise les petits débris de bois bien décomposés au sol, dans une plantation de Douglas, un habitat peu prospecté par les bryologues, mais qui peut réserver des surprises de taille (d’autres petites notes sont en préparation !). Les espèces compagnes sont de banales humicoles acidiphiles comme Hypnum jutlandicum, H. cupressiforme, Thuidium tamariscinum etc.

    La détection de Sematophyllum substrumulosum peut poser de sérieuses difficultés, notamment quand cette espèce croît en mélange avec des Hypnum ou Platygyrium repens. Avec un peu d’habitude, on peut la reconnaître sur le terrain par sa couleur, d’un vert foncé brillant tranchant avec les différents verts des Hypnum, et ses soies capillaires portant des capsules beaucoup trop petites pour appartenir au genre Hypnum. Les marges foliaires forment un liseré caractéristique mais tous ces critères peuvent être d’interprétation délicate.

    La découverte de Sematophyllum substrumulosum dans le Bourbonnais, dans le Centre de la France revêt un intérêt particulier. Cette espèce était autrefois cantonnée à une étroite frange littorale et ne semblait pas s’éloigner de manière significative des rivages de l’Atlantique ou de la Méditerranée, où elle passait d’ailleurs pour espèce extrêmement rare. De nos jours, elle est observée de plus en plus souvent à l’intérieur des terres, dans le triangle Landais, où l’espèce est une banalité dans les immensités couvertes par des plantations de Pins. Le réchauffement climatique est probablement responsable de l’importante progression de cette espèce, comme cela a suggéré ailleurs en Europe. Nul doute que l’espèce est désormais implantée un peu partout en France mais cela reste à préciser. L’évolution de la distribution d’espèces sensibles peut se révéler d’un grand intérêt.

  • Coscinodon horridus (J.Muñoz & H.Hespanhol) Hugonnot, R.D.Porley & Ignatov
    14/09/2021

    Grimmia horrida a été décrite récemment dans le Nord-Ouest de la péninsule Ibérique où elle colonise des affleurements schisteux (Muñoz et al., 2009). Cette espèce a été découverte dans le massif du Meygal, Haute-Loire, ce qui élargit considérablement son aire de répartition. En l’état actuel des connaissances, C. horridus possède donc une petite aire Ouest-Européenne discontinue.

    Une analyse moléculaire phylogénétique combinée à l'observation de certains caractères morphologiques ont mis en évidence que Grimmia horrida devait en réalité être transférée dans le genre Coscinodon et de ce fait être appelé Coscinodon horridus :

    Hugonnot horrida 2018.pdf

    Les éboulis phonolithiques du Meygal sont des substrats rocheux pauvres en plantes vasculaires mais accueillant de nombreuses communautés cryptogamiques (bryophytes et lichens). Ces dernières ont été étudiées en détail au cours de l’année 2018. Les effectifs de l’espèce, la localisation de tous les individus ont également été précisés. Il ressort de ces travaux que l’espèce est cantonnée sur un seul suc du Meygal et que la presque totalité des touffes sont des femelles. L’espèce est en effet dioïque et les individus mâles semblent rarissimes. En conséquence, la production de sporophytes est presque impossible dans le Massif central. D’autre part, au plan écologique Coscinodon horridus présente une remarquable spécialisation : la majorité des touffes sont liées à des micro-habitats protégés, ombragés, sur le versant le plus chaud et le plus ensoleillé du suc volcanique en question.

    Ces données démographiques, écologiques et biologiques sont absolument capitales dans le but de proposer une stratégie de conservation de l’espèce sur des bases scientifiques. Un article est en cours de rédaction.

  • Didymodon umbrosus, épiphyte sur Phoenix canariensis
    14/09/2021

    Didymodon umbrosus est une Pottiaceae terricole encore relativement peu répandue en Europe. Elle est présente ponctuellement dans la région méditerranéenne, où elle colonise généralement des habitats artificialisés. Elle affectionne particulièrement les parcs, les cimetières ou les vieux murs, profitant généralement de l’accumulation matériaux détritiques filtrants pour s’installer. Elle est réputée nitrophile, bien que cette caractéristique n’ait jamais fait l’objet de vérification sur la base de dosages précis. Nous avons pu l’observer en masse sur le tronc de Palmiers d’ornement, plantés en alignement, sur le littoral de la Méditerranée. Seuls des individus femelles ont pu être détectés, l’espèce restant donc localement stérile. Didymodon umbrosus colonisait exclusivement les petits espaces ménagés entre les cicatrices foliaires du Palmier. Dans ces vides, de bonnes quantités de sable sont piégés. La station est particulièrement ventée ce qui explique cette accumulation inhabituelle. Les espèces compagnes étaient toutes banales : Tortula muralis, Ptychostomum capillare, Ceratodon purpureus.

    Le tronc des Palmiers est un biotope inhabituel pour les bryophytes. Des recherches plus poussées permettraient peut-être de mettre en évidence un cortège original et spécifique.

  • Sciuro-hypnum curtum, un habitant discret des forêts résineuses d'Auvergne
    14/09/2021

    Sciuro-hypnum curtum passe pour une grande rareté de la flore régionale, ou même nationale. Cette espèce a pu être observée dans de nombreuses localités nouvelles en Auvergne. Toutes les nouvelles populations sont installées dans des boisements résineux, essentiellement des sapinières et sapinières hêtraies au-dessus de 1200 m d’altitude, dans tous les départements auvergnats sauf l’Allier. On peut également l’observer dans des plantations d’épicéas vieillissantes avec des accumulations de matière organique brute importantes au sol. Les populations sont généralement peu étendues, ne couvrant que quelques dizaines de cm² d’un seul tenant. L’abondance des bryophytes humicoles compagnes est généralement un facteur supplémentaire de difficulté de détection. Hylocomium splendensEuhrynchium angustirete, Rhytidiadelphus loreus, Brachythecium rutabulum, B. salebrosum etc. forment presque toujours des tapis étendus au contact du Sciuro-hypnum curtum.

    L’espèce est le plus souvent fertile et possède une soie papilleuse, à l’instar du Brachythecium rutabulum. Son faciès est proche de celui de Rhynchostegium megapolitanum ou d’un Plagiothecium peu complané. Les feuilles sont lisses, souvent contournées aux apex, fortement dentées. Les cellules alaires sont pellucides, forment un groupe net généralement rectangulaire. La nervure est terminée en épine.

    Cette espèce pourrait avoir profité largement des vastes étendus de plantations résineuses pour étendre discrètement son aire de répartition. Elle est à rechercher dans la région.

  • Bryum gemmiferum R.Wilczek & Demaret dans les carrières de granulats.
    14/09/2021

    Observé dans plusieurs carrières de pouzzolane d’Auvergne. Les carrières de pozzolane sont nombreuses en Auvergne. Leurs richesses bryologiques sont méconnues. Pourtant plusieurs espèces remarquables s’y développent. Il s’agit généralement d’espèces pionnières bénéficiant d’immenses surfaces de substrat fréquemment remué. Bryum gemmiferum est une des espèces rares en France mais particulièrement fréquente dans ces carrières. Cette espèce dioïque produit exceptionnellement des sporophytes, préférant investir dans la multiplication végétative. En Haute-Loire on peut pourtant observer les sporophytes en grande abondance.

  • Sedum caespitosum (Cav.) DC. espèce pionnière des bermes routières
    14/09/2021

    Plusieurs populations découvertes dans le département de la Haute-Loire, le long des grands axes de communication, sur le gravier des bermes routières. L’espèce présente un comportement de pionnière des substrats perturbés.

    Cette espèce n’est pas signalée dans le Massif central d’après Flora Gallica bien que mentionnée dans le département de l’Allier, en bord de route (obs. Deschâtres, in Antonetti et al. 2006, Atlas de la flore d’Auvergne). Par le passé signalée dans une pelouse sur schistes en Ille-et-Vilaine (Raymond-Hamet, 1957 - Persistance d'un minuscule fragment excentrique de l'aire de répartition géographique de deux Crassulacées. Bulletin de la Société Botanique de France, 104 (5-6) : 291-293). Aujourd’hui plus largement répandue en Bretagne (Loire-Atlantique, Morbihan et Ille-et-Vilaine), mais uniquement au bord des routes ou sur terrain de camping, sur substrats sableux récemment remaniés.

    Cette petite espèce méditerranéenne se répand le long des axes routiers avec une grande efficacité. Elle produit des graines en abondance qui sont probablement transportées par les véhicules. Sedum caespitosum a vraisemblablement modifié son comportement. L’origine des populations envahissant les habitats rudéraux mériterait une étude détaillée afin d’en connaître la provenance et se savoir s’il y a divergence entre les populations naturelles (des pelouses thérophytiques thermophiles) et les populations anthropiques.

  • Epipactis rhodanensis Gévaudan & Robatsch en Haute Loire : progression le long d’un corridor alluvial
    14/09/2021
    Epipactis rhodanensis Gévaudan & Robatsch en Haute Loire : progression le long d’un corridor alluvial

    Epipactis rhodanensis est présente principalement le long du Rhône, de l’Isère et de l’Allier.

    Elle est également connue en Cerdagne et en Conflent dans les Pyrénées-Orientales ainsi que dans la plaine du Roussillon. En Auvergne, cette espèce a été découverte récemment. Les premières données datent de 1992 et concernent les départements de l’Allier (Vichy) et du Puy-de-Dôme (Limagne). Epipactis rhodanensis a été découverte dans la basse vallée de l’Allier, dans le département de la Haute-Loire. L’Épipactis du Rhône a été observée dans une forêt alluviale, au pied de falaises de gneiss. La situation est donc fraîche et ombragée. Le substrat est relativement neutre, notamment grâce aux alluvions riches en bases transportées par l’Allier.

  • Tetraplodon angustatus (Hedw.) Bruch & Schimp. espèce coprophile à protéger en Haute-Loire
    14/09/2021
    Tetraplodon angustatus (Hedw.) Bruch & Schimp. espèce coprophile à protéger en Haute-Loire

    Tetraplodon angustatus est une rareté nationale bien présente dans le département de la Haute-Loire, dans la région du Velay oriental.

    Plusieurs populations sont actuellement étudiées afin de mieux cerner les liens entre cette espèce et la population de renards locale. En effet, ce Tetraplodon est strictement inféodé aux crottes de renard. À quelle vitesse l’espèce est-elle capable de coloniser un nouveau support ? Quel est le seuil en-dessous duquel la population n’est plus viable ? Quelles sont les caractéristiques micro-écologiques des crottes favorables ? autant de question auxquelles nous tenterons de répondre en étudiant l’espèce sur le terrain. La conservation de cette Splachnaceae est une priorité en raison du caractère exceptionnel de l’espèce.

  • Leptobryum pyriforme (Hedw.) Wilson et la bryoflore troglodyte d’Auvergne
    14/09/2021

    La présence de Leptobryum pyriforme est généralement associée à l’anthropisation.

    Cette espèce peut devenir embarrassante dans les serres ou peut s’observer en abondance dans les jardineries. On peut également l’observer dans des habitats naturels, en particulier sur les vases exondables des berges d’étangs. Cette espèce peut également se rencontrer en grande abondance sur les parois des habitations troglodytes en Haute-Loire et dans le Puy-de-Dôme, où plusieurs de ces localités sont connues. L’existence de cette espèce moins fréquente qu’il n’y paraît et réputée nitrophile dans des habitats humains anciens soulève d’intéressantes questions. Le feu, et les dépôts de cendre sur les parois, sont-ils responsables de cet état de fait, ou s’agit-il simplement d’un habitat méconnu, favorable à une espèce pionnière opportuniste.

  • Ephemerum spinulosum Bruch & Schimp. ex Schimp. dans le département de la Loire, une espèce nouvelle pour le Massif central
    14/09/2021
    Ephemerum spinulosum Bruch & Schimp. ex Schimp. dans le département de la Loire, une espèce nouvelle pour le Massif central

    Actuellement les seules populations d’Ephemerum spinulosum connues sont situées dans le sud-est de la France (essentiellement Pyrénées-Atlantiques).

    Des prospections effectuées dans le département de la Loire (commune de Joux) ont permis de découvrir une population étendue de cette espèce remarquable. Cette observation est également l’occasion de confirmer l’importance des gemmes rhizoïdales dans la stratégie de l’espèce, dont la stratégie est double : multiplication végétative et reproduction sexuée. D’autres espèces remarquables ont pu également être observées en compagnie de cet éphémérophyte : Physcomitrium sphaericum, Bryum klingraeffii etc.